L’incontinence fécale est un trouble embarrassant et souvent dégradant pour ceux qui en souffrent. Elle se caractérise par la perte incontrôlée de selles et/ou de gaz dans des situations socialement inadaptées. Bien que courante chez les nourrissons et les jeunes enfants, elle peut également toucher les adultes, avec des conséquences importantes sur la qualité de vie. Dans cet article, nous aborderons différents aspects de l’incontinence et les traitements disponibles, en nous appuyant sur les connaissances du Dr Sarah Bekkar et du Dr Guylène Gadsaud-Dauvin, spécialistes en proctologie.
Qu’appelle-t-on incontinence ?
L’incontinence fécale se définit comme la perte incontrôlée de selles et/ou de gaz dans des conditions socialement inadaptées. Si elle peut être considérée comme normale chez les nourrissons et les jeunes enfants, elle est souvent vécue comme dégradante par les adultes qui en souffrent. Les difficultés relationnelles importantes ou les problèmes psychologiques peuvent également être des facteurs contribuant à cette affection chez les enfants plus âgés (encoprésie).
Qui souffre d’incontinence ?
Selon une enquête récente menée auprès de 10 000 Français âgés de plus de 15 ans, plus de 16 % d’entre eux ont signalé des troubles de la continence fécale au cours de l’année précédente. Les problèmes d’incontinence touchent principalement les personnes âgées, en particulier celles vivant en institution. Cependant, malgré l’impact considérable sur la qualité de vie, de nombreux patients n’osent pas consulter un médecin en raison de la honte et de la stigmatisation souvent associées à ce problème.
Quels facteurs occasionnent l’incontinence ?
L’incontinence fécale n’a pas une seule cause définie, mais plutôt plusieurs facteurs qui contribuent aux accidents d’incontinence. Elle peut être liée à des troubles du transit, tels que des diarrhées importantes, même chez des personnes ayant une fonction anale normale. De plus, une diminution des capacités de réservoir du colon et du rectum en raison d’une inflammation ou d’autres anomalies de la paroi intestinale peut également causer l’incontinence.
Le défaut le plus fréquent responsable de l’incontinence est une insuffisance de la fonction de l’anus, caractérisée par un tonus insuffisant ou une contraction anormale. Ce défaut peut résulter de blessures passées aux sphincters de l’anus, de troubles de la commande nerveuse de ces muscles ou de complications liées à l’accouchement et aux traumatismes indirects des nerfs pelviens. Les événements chirurgicaux tels que la chirurgie des hémorroïdes, des fistules ou de la fissure anale peuvent également être des facteurs contribuant à l’incontinence.
Quelles sont les étapes habituelles utiles à la compréhension du mécanisme de l’incontinence ?
La première étape consiste à identifier les signes qui peuvent ressembler à l’incontinence, mais qui ne correspondent pas strictement aux tableaux habituels de cette affection. Par exemple, les suintements causés par les hémorroïdes ou les fistules. Il est important de préciser si l’incontinence survient dans un contexte d’envies impérieuses difficiles à contrôler (impériosités) ou s’il s’agit de pertes survenant après coup (incontinence passive). Ces différentes présentations peuvent nécessiter des mécanismes de traitement différents. Le contexte de survenue et les caractéristiques du transit intestinal sont également des éléments importants à prendre en compte.
La deuxième étape consiste à réaliser un examen local de l’anus, en évaluant son aspect et sa fonction, ainsi qu’en examinant l’ampoule rectale. Ces étapes permettent souvent d’orienter les patients souffrant d’incontinence vers des conseils d’hygiène défécatoire, de régularisation du transit, et des exercices musculaires sphinctériens qui peuvent suffire à résoudre le problème.
Quand et à quelles explorations faut-il recourir ?
Dans certains cas, des explorations complémentaires peuvent être nécessaires pour mieux comprendre les troubles de la continence et guider le traitement. Ces explorations sont généralement proposées en cas d’échec des traitements hygiéno-diététiques et des exercices musculaires. Il existe trois types d’explorations : celles qui évaluent la fonction de l’anus et du rectum: la manométrie rectale, celles qui identifient les déchirures ou les lésions des muscles sphinctériens: imagerie comme déféco-IRM ou échographie endo-anale, et celles qui recherchent des signes d’atteinte des nerfs pelviens. Ces explorations sont utiles lorsque l’on souhaite quantifier un handicap avant une intervention chirurgicale ou lorsqu’il existe une discordance entre les données de l’examen clinique et l’importance des troubles décrits. Elles permettent de choisir le type de traitement chirurgical le plus approprié.
Quels types de traitements sont envisagés ?
Les conseils concernant l’hygiène défécatoire et la régularisation du transit sont essentiels et souvent négligés. Il est important de maintenir un transit régulier, d’être attentif aux envies défécatoires et à la qualité de l’évacuation des selles. Des laxatifs locaux peu irritants peuvent être nécessaires pour compléter une évacuation jugée insuffisante. La régularisation du transit peut également faire appel à des compléments diététiques ou à des médicaments pour réguler la consistance des selles. Dans certains cas, des médicaments freinant le transit peuvent être prescrits, notamment chez les personnes souffrant d’impériosités fécales.
Les méthodes de rééducation, supervisées par des kinésithérapeutes spécialisés, peuvent apporter des avantages significatifs dans le traitement de l’incontinence. Ces méthodes comprennent des exercices musculaires spécifiques, l’utilisation de supports visuels ou auditifs (biofeedback) et une rééducation plus ciblée. Cependant, certaines études remettent en question l’efficacité de la rééducation par rapport aux conseils diététiques et sanitaires. Une étude française est actuellement en cours pour évaluer l’apport de la rééducation (étude ORALIA).
Enfin, dans les cas les plus graves, des méthodes chirurgicales peuvent être envisagées. Il existe deux catégories principales de méthodes chirurgicales : celles qui visent à améliorer la fonction sans modifier l’anatomie habituelle de l’anus: neurostimulation des racines sacrées, et celles qui reposent sur un procédé de substitution ou réparation sphinctérienne. Le choix de la méthode chirurgicale dépend de la sévérité de l’incontinence et des résultats des examens complémentaires. Les indications chirurgicales nécessitent une bonne compréhension des avantages, des complications potentielles et une décision éclairée de la part du patient.
Pour conclure,
L’incontinence fécale est une affection fréquente qui peut avoir un impact considérable sur la qualité de vie des patients. Il est important de ne pas négliger ces problèmes et de consulter un spécialiste en proctologie pour obtenir un diagnostic précis et des conseils adaptés. Les traitements incluent des mesures hygiéno-diététiques, des exercices musculaires, la rééducation kinésithérapique et, dans certains cas, une intervention chirurgicale.
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