L’incontinence anale est une pathologie très invalidante mais paradoxalement peu prise en charge car peu déclarée par les patients. Elle est vécue souvent comme une fatalité et est responsable de baisse de l’estime de soi et d’un isolement des personnes en souffrant. Alors qu’il existe des solutions.
L’incontinence anale qu’est-ce que c’est ?
L’incontinence anale se définie comme une perte de selles ou de gaz de manière incontrôlée dans des conditions socialement inadaptées. Elle peut être dite « active » : la personne ressent l’envie d’aller aux toilettes mais ne peut la différer, elle peut alors être précédée d’une envie urgente ou impériosité ; ou passive : la personne ne ressent pas l’envie d’aller aux toilettes et s’aperçoit à postériori de la fuite.
L’incontinence anale : Touche-t-elle beaucoup de personnes à la Réunion ?
Elle concerne environ 2 à 17% de la population mais est largement sous-estimée car peu déclarée. Elle augmente avec l’âge et peut être responsable d’une institutionnalisation plus rapide.
Incontinence anale : Quelles en sont les causes ?
Ces causes peuvent être multiples. Il peut s’agir d’un problème au niveau du sphincter anal qui sont les muscles qui permettent de fermer l’anus. Le rectum peut également être responsable de l’incontinence. L’incontinence peut également révéler une maladie neurologique surtout si elle est accompagnée d’autres symptômes.
Comment peut-on soigner l’incontinence anale sur l’île de la Réunion ?
La prise en charge a pour objectif d’améliorer la qualité de vie des patients. Et c’est cet objectif qui sera toujours au centre des échanges entre le médecin et son patient.
Lors d’une première consultation, le médecin spécialisé en incontinence anale reprendra l’histoire du patient. Souvent l’incontinence anale est ancienne et évoluant en fonction des évènements de vie des patients (grossesse et accouchement ; chirurgie digestive et proctologique, traumatisme, prise de médicaments…). Il lui demandera également quelles sont ses habitudes alimentaires et son transit, s’il présente d’autres symptômes (une incontinence urinaire associée, des douleurs…). Il évaluera également le retentissement de cette pathologie sur le quotidien du patient. Après ce temps d’écoute, il y aura un temps d’examen clinique pendant lequel le médecin évaluera la musculature du patient, l’existence de signe permettant d’expliquer l’incontinence.
De retour à son domicile, le patient devra remplir un calendrier des selles pendant 3 semaines ainsi que des scores qui permettent d’évaluer la gravité de l’incontinence et son retentissement sur sa vie. Ses scores sont importants car ils permettent de mesurer une évolution dans le temps de l’incontinence et l’efficacité des traitements mis en place.
Des examens complémentaires peuvent être indiqués en fonction des symptômes et de l’évolution. Il peut s’agir d’une manométrie anorectale (mesure de la « force » du sphincter), d’une échographie endoanale (pour évaluer la morphologie du muscle), parfois une coloscopie ou une IRM.
Les traitements proposés débuteront toujours par une normalisation du transit soit par la mise en place de règles hygiéno-diététiques (habitude alimentaire, activité physique, position défécatoire…), soit par des médicaments aidant à sa normalisation (laxatif, ou au contraire anti-diarrhéique).
Il n’existe pas de médicaments spécifiques de l’incontinence anale mis à part ceux régularisant le transit.
Une rééducation pelvi-périnéale sera également souvent proposée. Elle doit être effectuée auprès de professionnels spécialisés dans le périnée. Plusieurs techniques existent et peuvent être associées entre elles (biofeedback, électrostimulation, exercice du plancher pelvien). A la Réunion, il existe une association de kinésithérapeutes spécialisés : l’AKPR (https://www.kineperineereunion.com/).
Il existe également des interventions chirurgicales qui seront proposées au cas par cas : la réparation sphinctérienne ou la neuromodulation des racines sacrées.
La neuromodulation des racines sacrées est une technique qui a maintenant plus de 10 ans. Elle permet de traiter les patients souffrant d’une incontinence anale ne répondant pas aux traitements médicaux et ceux souffrant d’une incontinence urinaire par hyperactivité vésicale ne répondant pas aux médicaments prescris.
Cette intervention consiste à implanter une électrode d’électrostimulation au contact d’une racine nerveuse reliée à une petite batterie externe. Il s’agit d’une intervention ne nécessitant pas de grande incision, réaliser sous anesthésie générale, peu douloureuse en post-opératoire et réaliser en hospitalisation ambulatoire. Pendant 3 semaines, le patient porteur de l’électrode doit tester son efficacité. Si on note une amélioration d’au moins 50% des symptômes, le patient bénéficie d’une nouvelle hospitalisation en ambulatoire avec une intervention cette fois sous anesthésie locale avec petite sédation pour implanter la batterie interne qui ressemble à un pace maker cardiaque. Cette batterie est sous la peau dans le bas du dos et ne provoque pas dans la grande majorité des cas de gêne. Environ 80% des patients en test ont une amélioration des symptômes d’au moins 50% et peuvent donc être implantés, et 60 à 80% des patients implantés ont une amélioration des symptômes et de leur qualité de vie durable dans le temps. La batterie interne, contrairement à un pace maker cardiaque, est fournie avec une télécommande permettant d’arrêter le dispositif (si vous devez passer une IRM, passer les contrôles de douane pour prendre l’avion, avoir une intervention chirurgicale) ou augmenter ou baisser l’intensité.
Cabinet Proctologie : Clinique Saint Vincent
A la clinique Saint Vincent, cette intervention est intégrée dans un suivi global du patient avec prise en charge par une diététicienne, une kinésithérapeute, une infirmière formée à l’éducation de la télécommande, une psychologue, et le Dr Guylène Gadsaud-Dauvin qui réalise cette intervention et en assure le suivi.